FICHE TECHNIQUE
Les enduits à la chaux naturelle
1er cas de figure
Deux cas de figure sont traités ici, sur une base d’enduits. Les mêmes raisonnements s’appliquent avec des joints de même nature, avec quand même la différence que l’enduit est supérieur pour protéger une façade exposée, et qu’il possède une plus grande efficacité pour l’évaporation (s’il s’agit d’enduit à base de chaux naturelle), compte-tenu de la surface offerte.
Un mur sain
schéma ci-dessous
Le mur sain est enduit avec un mortier perméant (c’est-à-dire perméable à la vapeur d’eau), à base de chaux naturelle. Il est drainé à ses pieds. La dalle intérieure est relativement perméante également. Le mur laisse sortir l’humidité produite à l’intérieur du bâtiment par les habitants.
Les pluies pénètrent sur quelques centimètres, mais le vent et le soleil permettent l’évaporation rapide des excès d’humidité.
L’humidité du sol remonte par capillarité dans l’épaisseur du mur ; cette humidité s’évapore, essentiellement à l’extérieur (le vent et le soleil), sur, généralement, une hauteur d’un mètre maximum. Au-dessus, l’hygrométrie résiduelle est telle qu’un état d’équilibre est établi.
Il est impératif d’arriver à restituer un bon état sanitaire du mur avant d’envisager un enduit ou tout autre type de revêtement (gestion des eaux superficielle, drainage, complexe de sol perméant,…). Un excès d’humidité entrainerait une dégradation accélérée des enduits et procurerait un inconfort thermique ou plutôt hygrothermique important.
A noter qu’un mur de 65 cm d’épaisseur et plus, ne nécessite pas nécessairement d’isolation thermique à proprement parlé, une correction thermique peut suffire. C’est notamment pour cette raison que l’on évitera de laisser un mur intérieur (d’autant plus si c’est un mur périphérique) en pierres apparentes (mur froid, poussiéreux, et écrasement des volumes). Par exemple, il est intéressant de recourir à un enduit à base de chanvre (en intérieur) qui apportera l’isolation manquante, et préservera la fonction d’évaporation ; en effet le chanvre se comporte comme un isolant thermique, mais aussi comme un tampon hygrométrique très efficace. Voir notre page sur l’isolation thermique des murs.
Conclusion : il s’agit bien là du traitement le plus simple, mais le plus adapté au bâti ancien. Le mur respire, l’équilibre hygrométrique est satisfaisant. Le confort est amélioré.
Dans le cas de régions très pluvieuses, et de façades très exposées, présentant des pierres un peu trop hydrophiles, un enduit 3 couches, effectué dans les règles de l’art, est préconisé. La plus grosse partie de l’eau coule en surface, et est récupérée par des formes de pentes éloignant l’eau des pieds de murs.
2ème cas de figure
Un mur traité de façon contemporaine
Souvent appelée « traditionnelle » : schéma ci-dessous.
Il est enduit à l’extérieur d’un mortier hydrofuge, à base de ciment. À l’intérieur, une contre-cloison en briques plâtrières permet de s’isoler du mur. Un enduit plâtre complète cette contre-cloison.
C’est un cas de figure extrêmement répandu. Mais ce n’est pas pour autant une bonne solution !
En effet, côté extérieur, l’enduit ciment, relativement étanche, empêche effectivement les eaux de pluie de pénétrer, sauf qu’après quelques années cet enduit micro-fissuré ou fissuré laissera rentrer un peu d’eau sans pour autant lui laisser l’opportunité de sécher (trop peu d’échange avec l’air). Le mur fonctionne alors comme une éponge qui ne peut purger l’eau accumulée. De plus, ce type de mortier, mécaniquement très résistant, est trop rigide pour le bâti ancien, dont les moellons (les pierres) sont hourdés (assemblés, maçonnés) à l’argile, et présente alors une certaine souplesse.
Côté intérieur, se trouve une contre-cloison, soit sèche, soit en briques plâtrières, elle présente les inconvénients suivants :
- montée à une distance de 3 cm au plus, la lame d’air est fixe, il y a donc isolation thermique, mais la cloison sera empreinte d’humidité, ce qui va à l’encontre de l’isolation thermique…
– montée à une distance supérieure à 3 cm, il y aura convection, et donc échanges thermiques. La cloison sera moins humide, mais si l’isolation est absente, au bout du compte, la cloison ne servira plus à grand-chose !
Dans les deux cas, le vide d’air doit être ventilé. Cette contre-cloison, outre son coût, consomme des m² au sol.
Enfin, le plâtre – matériau hydrophile – de l’enduit intérieur fait office de régulateur hygrométrique. Il absorbe l’humidité, et ne s’en débarrasse que si l’air intérieur ambiant est plus sec (ce qui n’est pas chose aisée avec une telle construction !)
Conclusion : l’humidité est essentiellement prisonnière à l’intérieur du mur ; des apports réguliers, par le sol et par les pluies, ne font qu’aggraver la situation, et l’eau, faute de trouver un exutoire d’évaporation, n’a d’autre choix que de monter par capillarité en direction des étages supérieurs jusqu’à trouver un élément poreux (pierre plus fragile, abouts des poutres, …) ce qui est souvent à l’origine de pathologies importantes.
Les autres variantes de ce dernier schéma : enduits ciment sur les deux faces du mur, ou bien ciment à l’extérieur et plâtre à l’intérieur, engendrent les mêmes types de désordres. Le fonctionnement de ces variantes est aisé à prévoir.
Exemple de deux murs mitoyens
Photo ci-dessous : Patrick RIOU.
1- celui de gauche est jointoyé au ciment,
2 – celui de droite possède ses vieux joints sable et chaux!…
Cherchez l’erreur !
Par Gérard Dupont.